Alexander Deanesi : Le Dalí des temps modernes
Alexander Deanesi est un artiste éclectique de grand talent. Italien d’origine, il mélange le style des grands maitres aux inspirations pop-art et art urbain. Renaissances européennes, philosophies d’orient et d’occident, doctrines apparemment opposées fusionnent avec équilibre et élégance. Dans ses œuvres colorées et denses les rappels aux époques passées et à l’actualité se mêlent avec naturel et folie.
Pourriez-vous vous présenter et nous raconter votre parcours ?
D’origine italienne, j’ai grandi et je me suis formé aux Beaux-Arts de Florence. En 1993, je me suis installé à Paris. À partir de ce moment-là, j’ai rencontré cette mouvance underground dans des squats, et je me suis mis à travailler pour investir ces lieux abandonnés, par le biais de la musique électronique, l’image et la sculpture. Ce qui m’a toujours intéressé c’est cette idée d’Art global.
Vos œuvres sont justement imprégnées de références à la culture underground. Quels sont vos sources d’inspiration ?
Mes sources d’inspirations sont multiples. Comme je suis peintre à la base, je suis particulièrement attaché à la peinture de la Renaissance. Ma formation classique m’a amené naturellement à la peinture à l’huile des grands maîtres, je garde cette technique traditionnelle de peinture. Sinon, je m’inspire pour la plus-part du temps de l’actualité, des mangas, et de l’imaginaire surréaliste.
Votre exposition NUOVO CONCILIO est visible jusqu’au 5 septembre à la Teodora Galerie, située au cœur du “Carré Rive Droite”, dans le 8ème arrondissement. Pourriez-vous nous parler davantage de cette exposition ?
J’avais déjà en tête les œuvres que je voulais présenter à la Teodora Galerie avant le confinement. Mon but est de faire le trait d’union entre différentes cultures en cherchant l’harmonie. L’aspect qui, je trouve, est prioritaire dans l’art est la beauté : s’inspirer des grands classiques mais aussi regarder autour de nous, partout, pour voir les choses qui ont vraiment marqué l’histoire et notamment celle de l’art. Clairement je reprends des faits bibliques dans mes tableaux. Par exemple il y a Saint-Michel et le dragon : moi j’ai essayé de changer les évènements de la scène. Dans l’histoire biblique, Saint-Michel tue le mal, qui est personnifié par le dragon, avec une épée, alors que, dans mon œuvre, je l’ai remplacée avec une baguette magique. J’ai peint, dans l’autre main, une nuée de fleurs. Je pense qu’un ange peut utiliser d’autres outils que la violence. Ce n’est pas avec la violence qu’on combat le mal.
Il y a également le tableau Le septième sceau pour lequel la situation du confinement m’a sans doute inspirée. Il s’agit d’un autre épisode biblique où sept anges annoncent l’apocalypse avec leurs trompettes. Moi j’ai peint comme des explosions, des petits tsunamis autour des trompettes, pour montrer que la situation pourrait vraiment se dégrader si on continue comme ça, si on ne change pas notre pensée, notre façon de vivre.
Vous vous définissez “peintre de Florence”. Dans quelle mesure votre travail a été influencé par les classiques de la peinture et en quoi vos œuvres se distinguent des tableaux des grands maîtres ? Je pense notamment à l’œuvre She is a rainbow, visible dans l’exposition, qui rappelle un portrait classique d’une vierge avec une touche très contemporaine.
La technique de peinture de la Renaissance, pas seulement italienne, me procure, dans l’exécution, une grande satisfaction. Le centre de mon travail est le syncrétisme : la symbiose des choses qui normalement n’ont pas de contact entre elles. Par exemple, j’aime mélanger les couleurs vives et intenses de la pop-culture avec l’image biblique de la vierge et l’enfant, symbole historique de la peinture de la Renaissance. Mon but est justement d’en faire une œuvre qui soit plus d’actualité et qui puisse parler aux gens d’aujourd’hui.
Lors du vernissage, on a également pu admirer votre œuvre Aurora, où vous représentez l’art comme une charrette qui avance, alors que l’homme est représenté par un petit singe qui fait tourner la musique. On dirait que dans votre travail chaque détail a son importance.
J’ai fait cette œuvre en pensant aux nouvelles technologies : elles sont sans doute très utiles mais je crois que, d’un point de vue éthique, il faut se demander jusqu’à quel point on peut vivre dans une société où le numérique domine. La vie peut se suffire des choses simples : la musique et les choses de tous les jours rendent heureux.
Vous recherchez l’unité dans l’art. Est-ce que vous essayez de véhiculer un message avec votre travail ?
Moi je suis resté un peu ancré dans cet esprit de la Renaissance, car c’est un véritable esprit, qui dépasse la peinture. Durant cette période, chaque tableau était exécuté pour véhiculer un message : que ce soit une idée, une thématique biblique, mythologique, païenne. Je pense aussi que j’ai la liberté de dire des choses avec ma peinture. L’art, ce n’est pas que de simples formes, des couleurs ou de la lumière. Pour moi l’art c’est bien plus que ça, c’est pouvoir exprimer des idées et les transmettre.
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Découvrez son exposition NUOVO CONCILIO jusqu’au 5 septembre à la Teodora Galerie.
Propos recueillis par Violagemma Migliorini
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